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samedi 28 mai 2016

      II.        Le site 

1.    Définition :

Le site ne se limite pas au lot de terrain viabilisé pour asseoir une construction. 
C’est est une portion d’espace, qui est relativement de petites dimensions (quelques hectomètres ou kilomètres). Il est considéré selon ses caractéristiques particulières qui le différencient des autres lieux et a généralement une valeur selon un certain point de vue (historique, esthétique, naturelle, etc.) pour une société donnée. Dans ce sens, il s’agit d’une conception uniquement physique. D’après la définition donnée par le dictionnaire : « configuration propre du lieu étudié occupé par une ville et qui lui fournit des éléments de la vie matérielle et les possibilités d’extension : ravitaillement en eau, nature du sol, matériaux de construction… Nous pouvons dès lors, désigner le site par l’ensemble des faits physiques, géologie, relief, climat, hydrologie, sols et végétation qui constituent l’assise d’une ville.
Le site ne se confond pas avec la position d’un lieu par rapport aux autres lieux et aux courants d’échanges.
Le site est l’emplacement actuel d’un établissement sur la terre. Dans ce sens, on appelle un site industriel pour désigner l’emplacement de différents équipements industriels.
Il est composé par les caractéristiques physiques du paysage spécifique de la zone. Les facteurs du site incluent par exemples la topographie, le climat, la végétation, la présence de l’eau, la qualité du sol, les minéraux et parfois même la faune.

Le terme a cependant des acceptations plus précises dans différentes disciplines :
-       En archéologie, il désigne un lieu précis où les fouilles ont amenés la découverte d’industries ou de monuments ;

-       En biogéographie, il désigne une petite aire forestière où règnent les mêmes conditions climatiques et édaphiques ;

-       En géographie urbaine, il désigne l’emplacement de la fondation ou de l’extension d’une ville, choisi en fonction de ses caractères topographiques adaptés aux besoins de l’époque en matière de défense, de trafic commercial, de ravitaillement en eau ou en nourriture, ou de commandement ; selon le cas, les sites les plus fréquemment utilisés furent des éminences, des éperons de confluence, des îles, des terrasses alluviales… »

2.    L’acceptation classique du site :

Il s’agit de phénomènes qui constituent les traits purement locaux du paysage en fonction desquels s’est installée et se développe la cité. Il s’agit du site, définit particulièrement par les éléments physiques composé, comme on l’a cité précédemment, par le relief, la nature du sol, le climat, l’eau d’alimentation l’eau véhicule et l’eau d’obstacle.

a)    Les éléments physiques du site

-       Le relief, ou les faits morphologiques :
Il possède des formes multiples. Son intérêt varie en fonction du temps. Aux époques de trouble, le relief favorable à la défense, a été un emplacement de choix indépendamment des inconvénients de toute sorte. Par contre, durant les périodes de calme et de prospérité économique, on préfère les emplacements sur la plaine vaste et étendue.

Les pentes influencent le tracé urbain qui dépend des courbes de niveau. Et d’une manière générale, elles présentent des risques quant aux problèmes de glissement, d’éboulement et d’instabilité.

-       La nature du sol, ou les faits géologiques :
Elle constitue l’assise des édifices de tout genre. La nature du sous-sol est souvent à l’origine de la naissance et du développement des villes comme les villes minières par exemple.  D’autre part, la portance du sol est un facteur déterminant, il s’agit de la capacité des couches superficielles à supporter une charge. Ce facteur va encore déterminer la nature et l’aspect global des constructions. L’instabilité des tremblements de terre doivent à leurs tours être pris en considération.
La présence des matériaux de construction dans le sous-sol est à son tour un aspect important. Ce sont d’ailleurs ces matériaux qui caractérisent la ville selon son aspect et ses caractéristiques propres
.
-       Le climat :
Les conséquences du climat sur l’urbanisme jouent un rôle principal. En effet, les facteurs du climat n’ont pas tous la même importance.
Les températures extrêmes ont une influence directe et générale. Pour le cas de froid ou de neige, on a souvent des villes avec leurs centres qui relient les différents équipements par un parcours souterrain afin de faire éviter le parcours extérieur aux piétons (comme le cas de Montréal par exemple).

La chaleur explique la forme compacte de plusieurs villes traditionnelles, afin de créer des parcours ombragés et protégés des rayonnements du soleil (comme le cas des villes de Nefta, Kairouan par exemple).

Le vent est un élément secondaire. Plusieurs villes se sont installées malgré les difficultés causées par cet élément. C’est pour cela que dans les pays de vents permanents ou violents, l’emplacement de la ville se fait à l’abri.

Les villes climatiques sont situées dans les climats ensoleillés et tempérés, comme pour le cas des villes de la côte méditerranéenne.
En montagne, une ville ou un village cherche de préférence le versant exposé au soleil.

-       L’eau :

-       L’eau d’alimentation :
Elle peut être de différentes formes. Elle peut être une rivière à laquelle on s’approvisionne directement ou par des procédés contemporains de filtration.
L’eau souterraine recueillie par des puits ou par des forages et pompages présente un cas très fréquent. D’ailleurs, la présence d’une nappe à faible profondeur est un facteur essentiel, du moins à l’origine, de plusieurs sites de villes. Il s’agit parfois de source, surtout dans les pays sec.
Finalement, la pluie qui tombe en quantité suffisante, sera recueillie dans les citernes de la ville, quand celle-ci est privée d’eau courante ou souterraine.

-       L’eau véhicule :
C’est un emplacement favorable le long d’une voie navigable qui permet au trafic de terre de se joindre au trafic par eau. Pour le cas de Constantinople, où une grande route terrestre atteint aisément une ligne d’eau.

-       L’eau obstacle :
L’eau peut présenter une défense pour la ville. L’intérêt de l’obstacle c’est souvent qu’il est là pour être vaincu, c’est qu’un passage est possible et nous retrouvons là l’un des éléments essentiels de plusieurs sites tels que Londres, Rouen, Nantes, Bizerte, Djerba.

-       Les eaux de surface :
Elles sont à l’origine des emplacements de plusieurs villes et ont un impact important sur leurs morphologies. Ainsi le rétrécissement du fleuve par exemple permet un passage plus facile, la rive convexe des méandres permet un développement portuaire et les lits instables sont fixés par un passage rocheux.

Ainsi, 3 phénomènes sont fondamentaux :
-          Le site de pont
-          Le site de la défense
-          Le site des aménagements portuaires, de l’accostage aux installations fixes.
Les régimes hydrologiques ont à leurs tours leurs influences. Quand les régimes sont réguliers, le cours d’eau fait partie intégrante de la ville. Par contre, dans le cas d’une opposition violente entre les saisons humides et les saisons sèches et où les écarts des régimes sont brutaux, le  rapport de la ville au fleuve est différent. La proximité des cours d’eau n’est pas recherchée puisqu’elle est dangereuse.

-       Les eaux souterraines :
Les ressources en eau sont importantes pour la naissance et le développement de la ville. Leur protection demeure la préoccupation majeure de l’urbanisme de nos jours, surtout dans les pays de sécheresse chronique.

-       La végétation :
Son impact est moins important que les autres facteurs. Elle caractérise l’aspect des villes de deux manières :

-          Soit, par la conservation d’espaces verts dans les périmètres urbains
-          Soit par la création de parcs

b)    Les éléments de fixation :

Il faut rajouter à ces phénomènes locaux qui définissent un site, les éléments de fixation qui ont déterminé le premier établissement et groupé les premiers occupants. Ils ont pu, par la suite être délaissés, perdre entièrement leur rôle, ou être oblitérés par une véritable usure résultant d’une occupation prolongée.

3.    L’acceptation moderne du site :    

Cette conception nouvelle du site dépasse les caractéristiques physiques pour une meilleure adéquation avec les paramètres socio-économiques afin de matérialiser un projet urbain. Elle désigne les sites occupés et les sites vierges à la fois. Ainsi d’autres éléments sont pris en considération pour parler de sites crées et de capacités de sites.

a)    Les sites créés :

La technologie maitrisée par l’homme lui permet d’intervenir sur le cadre physique afin de créer le site selon certaines exigences. Le site peut être crée à micro échelle, et il s’agit d’une petite intervention sur le relief et le paysage. Dans ce cadre, il est possible de creuser des fossés par exemple pour créer un site de défense dans les zones qui manqueraient de sécurité. En ce qui concerne la macro échelle, il s’agit de tout un site crée, comme le cas des îles artificielles de Dubai.

b)    La capacité des sites :

Cette notion concerne la capacité du site à accueillir les logements et les différents équipements. Cette capacité dépends des facteurs objectifs relatifs aux caractéristiques physiques, ainsi que ceux subjectifs relatifs à l’image du site et aux choix urbanistiques.

4.    Evaluation de la notion de site :

La ville s’agrandit et dépasse le site initial considéré comme favorable, on distingue ainsi le site initial des sites d’extension. Le site initial ou primitif qui correspond au premier choix et plein de qualités au début, se révèle petit et insuffisant pour l’extension. Les sites d’extensions sont ainsi éloignés et représentent le problème de la ville qui cherche à posséder de nouveaux sites.

Par ailleurs, on retrouve des villes où la situation prime sur le site. La situation est si favorable que les hommes se sont accommodés des sites défavorables, comme par exemple le cas de la ville de Tunis. L’ancienne ville (la médina) présente le site initial favorable, elle est construite sur un bon sol stable. La nouvelle ville qui a commencé par se développer sur l’axe de la marine en dehors de la médina, se présente comme une extension. Or, elle repose sur un sol marécageux qui ne possède pas les mêmes caractéristiques que celui de l’ancienne ville.

Il faut noter que les qualités attribuées à un site sont très largement subjectives, dépendent des cultures, des affects, des habitudes des groupes sociaux, des techniques disponibles à une époque donnée.

5.    La valeur du site selon le contexte :

Les valeurs du site et de la situation peuvent varier selon le contexte, historique, religieux, économique, etc.
D’une manière générale, la valeur du site est relative en fonction du temps. Les raisons du choisi initial peuvent avoir perdu tout intérêt. Ainsi par exemple, les sites miniers ont perdu leur rentabilité et leur valeur initiale avec, les sites défensifs ne jouent plus leurs rôles.

Un site de passage (relais) perd son importance à cause des changements des moyens de télécommunication. D’autre part, la naissance et le développement des sites touristiques dépendent du contexte, des tendances et des choix politiques dans le secteur. Ainsi, on a opté dans le temps pour le tourisme thermal en choisissant les sites d’eau chaude. Aujourd’hui on opte pour le tourisme écologique ou culturel, etc. Le tourisme balnéaire a été à l’origine du développement de plusieurs sites touristiques qui peuvent assurer cette vocation.

D’une manière générale, chaque société et en fonction de ses caractéristiques, est attirée par un certain type de site.
Avec la sitologie moderne, la valeur du site dépasse ses simples caractéristiques physiques. Cette nouvelle démarche, recherche dans l’ensemble urbain des ensembles individualisés selon leur aspect naturel, architectural, urbanistique, économiques, ou leur originalité historique.

La sitologie moderne s’inscrit dans la problématique générale de la ville et dans la conception urbanistique nouvelle. Ainsi on recherche la meilleure adéquation entre les paramètres économiques, physiques et sociaux, afin de mieux concevoir un projet urbain différent des modèles urbanistiques des années 1980. Comme nous l’avons vu précédemment, cette démarche concerne aussi bien les sites occupés comme ceux d’extension.
Finalement, la contingence désigne le fait qu’un tel site peut se concevoir comme étant favorable ou pas pour une certaine vocation en fonction du temps d’occupation.

    II.        Les adéquations au site

1.    Les différents besoins

a)    Les besoins du site originel :

Dans les pays arides ou semi-arides, le besoin d’eau est primordial. Les sites des villes sont fonction des fleuves, des sources ou puits. Dans plusieurs cas, l’agriculture oasienne a été à l’origine de la naissance de plusieurs villes, comme celles de Nefta, Tozeur, etc.
Souvent le choix est dicté par le besoin de protection ou de défense contre les hommes et les invasions durant les périodes de guerres. Il s’agit le plus souvent de sites perchés ou ceinturés d’eaux en totalité ou en partie.
D’autre part, le choix du site est limité par le choix de la situation et se heurte à des besoins contradictoires.

b)    Les besoins de la ville :

Il s’agit des besoins physiques de la ville, indispensables pour son équilibre et son développement. A part les besoins originels, on rajoute d’autres besoins qui apparaissent et changent en fonction des différents défis, mutations et développement technologique, tels que :
-          Les besoins de viabilisation : réseaux d’assainissement, la voirie,
-          La gestion des déchets urbains
-          La lutte contre la pollution afin d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau
-          L’énergie
-          La nourriture
-          Les différents équipements tels que cimetières, lieux de cultes,  espaces verts, espaces de loisirs, etc.

2.    Les éléments de blocage

a)    Les zones d’insécurité naturelle :

Ils désignent les zones exposés à des risques de tremblements, d’inondations, d’éboulement. Pour mieux gérer ces risques, il serait utile de suivre certaine règles d’urbanisme en fonction, ainsi que certaines prescriptions relative à la mise en œuvre dans les constructions. Dans certains cas, il y a des interdictions de constructions dans les zones dites à risques.
Malheureusement, ces interdictions sont parfois dépassées, et ces zones accueillent les classes sociales les plus défavorisés, surtout dans les pays du tiers monde. Ainsi on retrouve des agglomérations installées sur les sites les plus précaires et les plus exposés aux ruissellements, aux glissements et aux risques d’inondations et de ras de marrés, comme par exemple les favelas de Rio de Janeiro.

b)    Les interdits :

Ils concernent des zones de choix, où s’installent les différents équipements industriels par exemple.

3.    Les facteurs de dégradation

Le développement technologique fait que souvent l’urbanisation et les constructions se font sans prise en considération du site, de ses contraintes, de ses potentialités.  Ceci mène à la dégradation des sites et à sa destruction qui sont le résultat d’un conflit entre les pressions économiques et sociales et les contraintes naturelles. L’intervention de l’homme qui cause des ravages se présente sous différentes formes :
-          La suppression du site ou la destruction, même d’un élément important ;

-          La modification par l’installation des nouvelles constructions et infrastructure

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